Exercer un job à impact positif est-il une garantie de sens au travail ?

Certains considèrent leur métier comme simplement “alimentaire”, et s’efforcent de trouver du sens ailleurs. D’autres ne parviennent pas à organiser cette dichotomie et placent cette quête de sens au travail en tête de leurs préoccupations. Pour 55% des personnes interrogées lors d’une étude de décembre 2017 (Deloitte), le sens au travail se serait dégradé ces dernières années. Plus qu’un épiphénomène, la sensation de perte de sens tend à se généraliser, conséquence notamment de la prise de conscience des limites de notre modèle économique et des enjeux sociaux et environnementaux auxquels nous faisons face désormais. Avoir un “impact” à travers son métier est de plus en plus perçu comme une nécessité par une frange de la population qui dépasse la seule jeune génération. On entend de plus en plus souvent parler de métier ou d’emploi à impact positif mais ces métiers peuvent-ils nourrir assurément votre quête de sens au travail ?

Qu’est-ce qu’un métier à impact positif ?

Quand on parle de métier à impact positif, on évoque d’abord un métier qui contribue positivement à la société, par opposition au métier qui ne semble avoir pour seul objectif que l’enrichissement de l’organisation qu’il sert, sans considération particulière des conséquences sur les parties prenantes et l’environnement. 

Ces métiers à impact positif sont de plus en plus nombreux et dépassent aujourd’hui le cadre de l’économie sociale et solidaire, de l’éducation ou du médico-social notamment. De plus en plus d’organisations du secteur privé engagent leur indispensable transition durable. De nouveaux métiers, participant de cette transition, font leur apparition dans les organisations : responsable des achats durables, analyste ESG, expert inclusion et diversité, ingénieur efficacité énergétique et bien d’autres…

Ces métiers “utiles” permettent donc de mêler engagement social ou environnemental à sa vie professionnelle et paraissent répondre aux besoins des salariés de retrouver du sens à travers leur métier. Mais le sens au travail est-il seulement fonction du métier exercé ?

Le sens au travail, un sujet multidimensionnel et éminemment individuel

Il est complexe de proposer une définition unique pour la notion de sens au travail. D’après Estelle M. Morin, professeure titulaire à HEC Montréal en psychologie appliquée au management et au développement organisationnel, le sens du travail repose sur trois dimensions :  

  • “la signification du travail, la valeur du travail aux yeux du sujet et la définition ou la représentation qu’il en a”, 
  • l’orientation du sujet dans son travail ; ce qu’il recherche dans le travail, les desseins qui guident ses actions”, 
  • “l’effet de cohérence entre le sujet et le travail qu’il accomplit, entre ses attentes, ses valeurs et les gestes qu’il pose quotidiennement dans le milieu de son travail”.

“La perception est par essence toujours subjective et la question du sens éminemment personnelle”, nous rappelle Caroline Arnoux-Nicolas dans son ouvrage “Donner un sens au travail” (Dunod, 2019). C’est pourquoi vous pourriez vous sentir utile par la réalisation d’une tâche importante à vos yeux alors que cette même tâche sera anodine pour d’autres. Le sens au travail est donc davantage un sujet d’adéquation entre qui vous êtes et ce que vous faites, plus que dépendant du seul métier exercé. 

De plus, au-delà du “quoi”, d’autres éléments influenceront votre sens au travail : votre niveau d’autonomie, la perception de l’efficacité de votre action, ou les relations humaines et managériales au sein de votre environnement de travail. C’est pourquoi il n’est pas rare de rencontrer des personnes engagées au sein de structures sociales, au service de missions utiles, dirent qu’elles ne ressentent pas de sens au travail.

Il n’existe pas de voie royale

En définitive, il n’y a pas de “voie de sens royale”. Aucun métier en soi, qu’il soit à impact positif ou non, ne peut garantir pouvoir “donner du sens”. Maintenant, si les valeurs qui vous animent sont tournées vers l’altruisme ou le respect de la nature par exemple, ces métiers à impact positif pourraient représenter des “terrains” de sens intéressants par “l’effet de cohérence” qu’ils créeraient.

Alors, si vous êtes en quête de sens, une chose est sûre, il vous faut déjà bien vous connaître pour pouvoir identifier le métier et l’environnement qui pourront vous convenir et contribuer à votre sens au travail. Savoir précisément quels sont vos centres d’intérêt, vos valeurs, vos talents, vos aspirations profondes, les enjeux de société qui vous animent, les modes d’action ou de management qui vous stimulent, cette meilleure connaissance de vous-même sera un prérequis précieux dans votre quête et pourra vous éviter quelques déceptions. 

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